Conte amer

Un canard vivait dans sa basse-cour
Heureux, cancanant des chansons d’amour
A sa bien-aimée, une belle cane,
Qui ne restait pas de bois à ses vannes!

Un jour, notre canard qui s’était tu
Vit un oisillon tomber de son nid:
Il faisait un froid de canard, aussi,
Le bon palmipède le secourut…

Délicatement, notre infortuné
Se trouva posé, non sans épouvante,
Sur une bouse de vache fumante,
Bien au chaud dans ce foyer boviné!

Mais bientôt l’oiseau poussa des « cui-cui »
Qui répandirent autour tant de bruit
Que le canard s’éloigna de ce lieu,
Trouvant là canards trop peu mélodieux!

Un renard, passant par là par hasard,
Tendit une oreille et, comme son lard
Ne le gênait point, courut vers les cris
Et surprit le tapageur en son lit.

« Voilà du tout-cuit », pensa l’empressé
Qui croqua le tendre chanteur saucé
Avec un féroce appétit, faisant
Honneur au volatile et au bousant…

On vous a ce fabliau conté
Pour au moins triple moralité:

Lorsque quelqu’un vous met dans la merde,
Ce n’est pas toujours par malveillance;
Lorsque quelqu’un vous sort de la merde,
Ce n’est pas toujours par bienveillance;

Et lorsqu’on est dans la merde,
Il vaut mieux fermer sa gueule!



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